Édition 2019

Éditorial

Après avoir été fille de l’eau et de l’air, cette nouvelle édition du Festival de Cannes Côte d’Azur France se place sous le signe du feu. En témoigne cette affiche signée Cristina De Middel, une artiste de talent dont la photographie m’a sauté au cœur lors d’une exposition. Cette étoffe rouge face à l’océan représente pour moi l’espoir et l’ouverture, l’attrait pour les horizons lointains et la puissance des éléments qui constituent notre univers. Elle correspond, par bien des aspects, à cette programmation, poétique, ouverte sur le monde, sensible et attentive à l’humanité.

Une nouvelle appellation, un périmètre élargi dans le temps et des partenariats avec les structures culturelles majeures du territoire, tel est le nouveau déploiement du Festival. C’est la première fois que cette manifestation, désormais nommée Festival de Danse Cannes – Côte d’Azur France, rassemble autour d’elle autant de partenaires qui manifestent leur désir de montrer la danse dans ses différents aspects et de s’investir dans le cadre du Festival. Au-delà de la technique, des styles et des formes, il s’agit de rencontres, de liens privilégiés entre les différentes structures, une réunion de personnes qui s’estiment et ont envie de travailler ensemble sur un même projet, dans une écoute mutuelle. Ces passerelles qui nous relient sont une façon pour nous de témoigner de la belle vitalité de la danse en région, en France, mais également dans le monde entier. J’ai également souhaité poursuivre et intensifier nos attaches avec le Pôle National Supérieur Danse Provence Côte d’Azur – Rosella Hightower, dirigé par Paola Cantalupo que je tiens à remercier ici.

Comme à chaque édition, le Festival de Danse de Cannes se veut foisonnant : de Giselle, chef-d’œuvre du ballet romantique, à l’écriture hip-hop raffinée de Mickaël Le Mer et la création mondiale de son Butterfly. Ouverte avec le Béjart Ballet Lausanne aujourd’hui dirigé par Gil Roman avec une énergie et un souci de fidélité remarquables, cette édition se clôturera avec la commande d’une création passée à Marie-Agnès Gillot, Andrés Marín et Christian Rizzo.

Avec 21 représentations, dont 15 à Cannes et 6 dans les structures culturelles partenaires, 15 créations 2019, 3 premières mondiales, 2 premières françaises, 1 première européenne et 1 commande de création du Festival, la programmation prend toute son ampleur, avec toujours ce même souci d’éclectisme et de cohérence interne qui me tient à cœur. Ces fils imperceptibles qui tissent des correspondances d’une œuvre à une autre, mais aussi entre les artistes, ou entre les différentes structures sont très importants pour moi, c’est ce qui sous-tend cette programmation dont la matrice pourrait-être Giselle, ballet voulu par un poète, avec sa folie, ses liens entre le monde visible et invisible, chef-d’œuvre du ballet romantique mais très actuel dans l’épure de son 2e acte…

En parallèle, j’ai souhaité proposer un parcours cinématographique au public en relation avec notre programmation. C’est l’occasion pour les spectateurs d’approfondir leurs connaissances autour de figures majeures de la danse, comme Maurice Béjart et Sasha Waltz, ou de mieux appréhender les processus de création d’un ballet, par exemple en visionnant Titicut Follies, documentaire de Frederick Wiseman, à l’origine du ballet éponyme.

Cette thématique est une invitation pour remonter le temps de la danse et interroger les liens complexes et parfois évidents qu’entretiennent ces deux arts du mouvement.

Je tiens à remercier la Ville de Cannes, initiatrice de ce Festival de Danse, et aujourd’hui David Lisnard de m’avoir renouvelé sa confiance et d’avoir appuyé la dynamique d’ouverture du Festival et les directeurs des structures partenaires sans qui ce développement n’aurait pu voir le jour.

Je remercie également Madame Claire-Anne Reix, Présidente du Palais des Festivals et des Congrès et ses équipes pour leur soutien ainsi que les actions menées par la Direction de la Culture et tous nos partenaires qui œuvrent à l’ancrage de la manifestation sur le territoire.

Brigitte Lefèvre

Zoom sur Brigitte LEFEVRE

Entrée à 8 ans à l’École de danse de l’Opéra de Paris, Brigitte Lefèvre est engagée à 16 ans dans le Corps de ballet. Pendant ses années à l’Opéra, elle suit l’enseignement d’Yvette Chauviré, Gérard Mulys, Serge Peretti, Yves Brieux, Rita Thalia, Janine Schwarz, Serge Perrault, Raymond Franchetti et danse les ballets de George Balanchine, Roland Petit, Maurice Béjart, Michel Descombey, Gene Kelly, sans oublier les grandes œuvres classiques.
Très tôt intéressée par les différentes techniques de danse, elle étudie le jazz avec Gene Robinson et participe à de nombreux stages avec Alwin Nikolaïs, Merce Cunningham, Paul Taylor.

En 1970, elle crée sa première chorégraphie Mikrocosmos (sur une musique de Bartok) pour Jacques Garnier, Michaël Denard et elle-même, ballet présenté au Festival d’Avignon dans la cour d’honneur. Elle a réalisé plusieurs chorégraphies pour la comédie musicale et le théâtre – dans des mises en scène de Jean-Michel Ribes, Jean Mercure et Serge Peyrat – au Théâtre de la Ville. Elle chorégraphie également La Révolution Française au Palais des Sports et aborde l’interprétation théâtrale dans le rôle de Lisa des Possédés de Dostoïevski, mise en scène de Jean Mercure au Théâtre de la Ville.

Elle quitte l’Opéra en 1972 pour fonder avec Jacques Garnier le Théâtre du Silence, installé à la Rochelle de 1974 à 1985. Ce sera l’une des premières compagnies de danse « implantées » en France. Outre les chorégraphies de Jacques Garnier et de Brigitte Lefèvre, des œuvres de Maurice Béjart, Merce Cunningham, David Gordon, Robert Kovitch, Lar Lubovitch, viennent enrichir le répertoire de cette compagnie qui accomplit de très importantes tournées dans le monde. Très motivée par la pédagogie, elle enseigne la danse classique et contemporaine au sein de sa compagnie et dans différents stages. Elle se rapproche ainsi de public peu familier du monde de la danse en allant dans les écoles, les hôpitaux et des lieux où la danse n’avait pas droit de cité. Au départ de Jacques Garnier (1980), elle assume seule la direction de la compagnie jusqu’en 1985.

Engagée en 1985 comme Inspecteur principal de la Danse (Direction de la Musique et de la Danse au Ministère de la Culture), elle est nommée en 1987, Inspecteur général et première « Déléguée à la Danse » en titre.

En septembre 1992, elle devient Administrateur Général de l’Opéra de Paris-Garnier, puis en février 1994, Directeur-adjoint chargé de la danse. Entre juillet 1995 et octobre 2014, elle est Directrice de la Danse de l’Opéra National de Paris.

Durant cette période, Brigitte Lefèvre s’attache à construire un répertoire vivant qui puisse se conjuguer au passé, au présent mais aussi au futur. Tout en accordant une place importante à la tradition et au maintien des grands ballets classiques – et plus particulièrement les productions de Rudolf Noureev – elle programme régulièrement à l’Opéra les chorégraphies qui ont marqué le XXe siècle et invite des chorégraphes d’aujourd’hui à remonter des ballets ou réaliser de nouvelles pièces. Ainsi, depuis 1995, plusieurs œuvres ont fait leur entrée au répertoire de l’Opéra national de Paris (dont Le Sacre du printemps de Pina Bausch puis Orphée et Eurydice en 1997 et en 2005, Glacial Decoy de Trisha Brown en 2003, Variation pour une porte et un soupir de Maurice Béjart, Approximate Sonata et Artifact Suite de William Forsythe en 2006, Proust ou les intermittences du cœur de Roland Petit en 2007 ou récemment La Troisième Symphonie de Gustav Mahler de John Neumeier, Kaguyahime de Jiří Kylián et Rain d’Anne Teresa de Keersmaeker). De nombreux chorégraphes ont également réalisé des créations pour la compagnie (Maurice Béjart, Trisha Brown, Mats Ek, William Forsythe, Wayne McGregor, Jiří Kylián, Blanca Li, Benjamin Millepied, José Montalvo, John Neumeier, Robyn Orlin, Roland Petit, Alexei Ratmansky, Angelin Preljocaj, Saburo Teshigawara ou Sasha Waltz

Brigitte Lefèvre a produit et animé, sur France Culture, l’émission de radio A Quoi pensez-vous? (septembre 2008 à septembre 2009). Elle est Présidente de l’Orchestre de Chambre de Paris, Vice-Présidente du Conservatoire national supérieur de musique et de danse de Paris et administratrice notamment de l’Ensemble Intercontemporain, de la Biennale de Lyon et de France Médias Monde. Brigitte Lefèvre est Commandeur de la Légion d’Honneur, Commandeur de l’ordre national du Mérite et Commandeur de l’ordre des Arts et Lettres.

Elle a obtenu le Prix Georges Pompidou 2012, le Prix d’excellence française 2014 en tant que Directrice du Ballet de l’Opéra, le Prix Jerome Robbins Howard 2014, le Prix Benois de la Danse 2014.

Elle est chargée de la direction artistique des éditions 2015, 2017, 2019 et 2021 du Festival de Danse de Cannes.